Retour sur "Demain c'est maintenant !"
le 3 juillet 2023, par
- 6 min de lectureC’est la première fois qu’une conférence nous offre des graines !
Jeudi dernier, nous sommes allés à la conférence “Demain c’est maintenant !” pour laquelle nous avons fait un retour sur nos cheminements dans le numérique responsable, en particulier autour du mail. Nous ne revenons pas sur ce que nous avons dit, c’est un résumé de ce que vous pouvez trouver sur ce blog à propos des limites de l’optimisation logicielle. Nous avons retenu 4 thèmes :
Bifurcation, déclic, sens du travail
Dans sa keynote d’introduction, Benoît Rolland de Ravel nous demande :
“Pourquoi effectue-t-on une tâche avec plaisir ?”
Parce qu’on y trouve du sens, répond-t-il, parce qu’on comprend et on adhère à sa finalité. Il a beaucoup été question dans les présentations de bifurcation, de déclic, grâce à des conférences, des cours (“Jeanco” a été cité avec les réserves d’usage), des livres (Damasio, Le Shift Project), des revues (Socialter), des articles de journaux (“Une réaction en chaîne irréversible pourrait transformer la Terre en étuve”) ou à cause d’un arrêt maladie, d’un burn-out. C’était assez frappant de voir ces histoire de déclic, souvent en introduction.
Bien sûr, cela fait du bien d’entendre ça 🤗. Et en même temps, est-ce que cette notion ne fait pas appel à d’autres ressorts qui peuvent décourager, priver d’autres de se reconnaître ou de participer à ces questionnements autour du social, des inégalités et/ou de l’environnement ? Par exemple en mettant en place un club des gens qui ont eu cette révélation, ou encore en alimentant un impensé collectif d’une attente d’épiphanie qui viendrait d’ailleurs.
"Ce mythe du déclic, il est important de le déconstruire. Il ne faut pas imaginer que ça va nous tomber dessus. Il est en nous, il faut juste avoir le courage et la lucidité de le regarder en face". @CamilleEtienne_ invitée du dernier épisode #podcast 👉🎙️https://t.co/HLgW7Cf8lj pic.twitter.com/8a7CeItSQk
— Sylvia Amicone (@SylviaAmicone) June 12, 2023
Mais que cette évolution des personnes présentes soit due à un déclic où une maturation lente d’un esprit critique malmené par la culture performative post-30-glorieuses, la question du travail semble être un élément central de réflexion. Benoît Rolland de Ravel le met d’ailleurs en tête des 3 enjeux clés des nouveaux récits :
- Travail : entité profitable ou contributive ?
- Bonheur : comme résultat de la qualité de nos relations sociales ?
- Sentiment d’impuissance : comment faire face à l’ampleur des changements à venir ?
C’était l’occasion d’en discuter avec Laurent Bossavit à midi, notamment de la différence entre le travail réel (celui que je fais tous les jours, que je connais, que je peux ressentir physiquement) et le travail prescrit (par exemple par un manager : “Tu n’as qu’à faire telle tâche de telle manière pour arriver à un résultat qui m’intéresse” avec des systèmes de valorisation différents, ou des échéances autres). Il nous a donné une référence à ce sujet : “L’Entreprise contre la Connaissance du Travail Réel ?”.
Plusieurs personnes ont également parlé de leur ressenti d’aller au travail “la boule au ventre”.
Fresques partout, fresques toujours
La plupart des personnes présentes avaient participé à des fresques, voire étaient fresqueuses, principalement du climat et du numérique. Deux présentations étaient faites par des créateurs ou parties prenantes de fresques.
Fresque des nouveaux récits
Nous en avons parlé plus haut, il s’agit de s’interroger de manière collective sur des récits alternatifs au système capitaliste et productiviste dans lequel nous sommes enchâssés (dans les pays occidentaux). Cyril Dion, avec sa série Un monde nouveau, expliquait que les premières étapes pourraient être :
- Evaluer les rapports de force ;
- Comprendre les circonstances historiques qui font changer une société ;
- Construire un (des) nouveau(x) récit(s).
Ces ateliers permettent de “faire tourner” l’intelligence collective pour élaborer des futurs souhaitables.
Renaissance Ecologique
Et si justement nous partions d’une illustration d’un futur souhaitable, d’une transition réussie ?
C’est l’idée de cette fresque. Elle est même un récit : celui de la gouvernance au 14e siècle de la ville de Sienne. Dans le Palazzo Pubblico se trouve une fresque réalisée entre 1338 et 1339 intitulée Allégorie et effets du Bon et du Mauvais Gouvernement. C’est un triptyque avec la description du gouvernement collectif de Sienne au centre et sur les deux panneaux latéraux, les illustrations d’un côté des effets positifs d’une bonne gouvernance et de l’autre des effets négatifs d’une mauvaise gouvernance.
La démarche a été de mettre à jour l’illustration de la bonne gouvernance avec une cité du 21e siècle, ses 24 chantiers reliés les uns aux autres, 3 zones de temporalité (en bas, au milieu et en haut de fresque). Grâce au support de cette fresque qui a vocation à être coloriée ou utilisée comme panneau à postits, des ateliers d’intelligence collective sont menés sur les différents chantiers pour mettre en musique ces récits en faisant participer les enfants dès l’école : que souhaiteraient les élèves pour leur ville ?
Elle a été mise en oeuvre par exemple à Lahonce dans les pyrénées Orientales avec 2500 personnes.
Des pas de côté
There is no alternative
…ou TINA pour les intimes, est ce mantra du thatchérisme et plus globalement du mouvement libéral-conservateur des années 80 et de son dogme économique de l’école de Chicago.
Dans tous les domaines, la prise en compte des enjeux climatiques et environnementaux donne lieu à des innovations, en faisant des pas de côté. Le système comptable et financier fait partie de ces normes internationales qui peuvent représenter des obstacles insurmontables. Marielle Mathieu est venue nous parler de Sense Making & Accountability ou SeMA. Il s’agit de chiffrer les externalités négatives et positives sur l’environnement des activités des entreprises et de rattacher ces valorisations à des postes comptables. De cette manière ces valeurs peuvent être consolidées dans des rapports financiers pour :
- Considérer des contributions à la valeur et non des charges (par exemple pour les salaires) ;
- Exprimer la capacité de la communauté de travail à soutenir l’activité et la stratégie d’entreprise ;
- Etiqueter les flux financiers avec les impacts générés (traçabilité des externalités) ;
- Compléter les indicateurs de progression : montrer l’intention du modèle d’affaire ;
- Intégrer l’information dans le processus décisionnel (responsabilisation des actionnaires).
Dans cette présentation il a aussi été question d’un autre pas de côté : la prise en compte des 9 limites planétaires avec le modèle économique du Doughnut de Kate Raworth.
Les récits d’un futur souhaitable
De la keynote sur les “Nouveaux Récits” en passant par l’objectif de “faire émerger et mettre oeuvre de nouveaux récits écologiques” de Renaissance Ecologique, il aura beaucoup été question de récits de futurs souhaitables pour limiter l’éco-anxiété des enfants (et des moins jeunes), et donner des alternatives au “business as usual”. Nous allons d’ailleurs discuter de ces sujets la semaine prochaine lors de la conférence SICT 2023. Nous vous en dirons plus bientôt !
EDIT (04/07/23 11h) : changement de l’illustration EDIT (28/07/23 11h) : changement du titre
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